Interview de Valérie Passeport

Valérie est directrice générale d’une ONG engagée dans des projets de terrain au Maroc. À la tête d’une structure entièrement bénévole, elle coordonne des missions concrètes en lien avec l’accès à l’eau, l’agriculture durable, l’accueil de jeunes en immersion, et le développement de compétences locales, toujours dans une logique de co-construction avec les habitants.
sabine picquet casque jaune

1- Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

« Je suis profondément curieuse, autonome, toujours en mouvement. J’ai été enseignante pendant plus de vingt-cinq ans, et en parallèle, j’ai toujours mené des projets de développement et d’humanitaire. J’ai beaucoup voyagé, souvent de manière très simple, sac au dos, chez l’habitant. C’est de là qu’est né ce besoin d’agir différemment.

Aujourd’hui, je coordonne une ONG active sur le terrain, notamment au Maroc, où nous développons des projets autour de l’eau, de l’agriculture, de l’éducation et de l’engagement des jeunes.»

« Je me suis formée sur le terrain, j’ai construit une équipe autour de moi et j’ouvre aujourd’hui cette aventure à des profils très variés, de l’étudiant au cadre dirigeant. »

 

2- Qu’est-ce qui, selon vous, a radicalement changé ces 3 à 5 dernières années dans le métier de manager et la gestion d’équipe intergénérationnelle ?

« Le changement majeur, c’est la quête de sens. Avant, je devais convaincre les gens de s’impliquer. Aujourd’hui, je suis sollicitée directement.

Beaucoup de professionnels cherchent à retrouver du sens, à agir concrètement. Ils me disent : « J’aurais voulu faire ça à 20 ans » et je leur réponds : « Tu peux encore le faire. »»

Elle ajoute un point fort sur la Génération Z, à contre-courant des clichés :

« Ce que je vis avec les jeunes est très loin de l’image des ados désabusés accrochés à leur téléphone. Quand ils sont sur le terrain, ils oublient le réseau. Ils construisent, nettoient, apprennent à économiser l’eau, s’occupent des animaux. Ils prennent des initiatives, se dépassent et surtout, ils adorent ça. »

 

3- Comment avez-vous réussi à gérer ces changements ?

« J’ai construit un modèle basé sur la confiance et l’autonomie. Je me considère comme une chef d’orchestre.

Mon rôle n’est pas de tout diriger, mais d’aider chacun à jouer sa partition. Je laisse les gens libres de proposer et de faire. »

« Les gens ne viennent pas pour exécuter. Ils viennent pour contribuer. Et moi, je leur dis : si tu sais faire, fais. Je ne vais pas te dicter la forme, la couleur ou le format. »

« Bien sûr, on reste rigoureux, certains aspects de nos missions ne peuvent pas être pris à la légère. Mais cette rigueur, on l’applique avec souplesse. Et c’est ce qui donne envie aux gens de rester ou de revenir. »

4- Selon vous, quels sont les 3 points de vigilance pour une femme qui prendra un poste comme le vôtre en 2025 ?

Valérie partage ses 3 conseils clés pour les futures dirigeantes :
  1. D’abord, l’ouverture d’esprit : Il faut accueillir les idées, les pratiques, les visions du monde de personnes très différentes. Ça enrichit énormément.
  2. Ensuite, une patience infinie : Les projets prennent du temps, parfois beaucoup. Mais quand on est bien préparé, les choses finissent par se faire.
  3. Enfin, la persévérance : Il faut être capable d’avoir un plan A, un B, un C… et ne jamais s’arrêter au premier obstacle. Rien n’est jamais linéaire.

 

5- Selon vous, quel est le sujet dont on ne parle pas assez sur LinkedIn dans le management ?

« On parle trop peu de la transformation individuelle que les petits projets peuvent provoquer.

Quand quelqu’un vient passer une semaine avec nous, même s’il ne sait pas exactement quoi faire au départ, il repart transformé.

Il se découvre utile, créatif, capable. Et ça change profondément sa manière de se voir. »

« LinkedIn valorise les grands projets, les grands titres, mais c’est parfois dans un tout petit chantier, dans un village éloigné, que quelqu’un retrouve confiance en lui. Ça mérite d’être mis en lumière. »

tamounte

Le mot de la fin

« Si on veut, on peut. Même si c’est difficile. Il faut oser faire le premier pas. C’est souvent lui le plus dur. »

« Je vois des gens arriver avec des doutes, des peurs, une petite voix qui leur dit qu’ils ne sont pas à la hauteur.

Et je les vois repartir avec une certitude : ils peuvent être utiles. Pour eux, pour les autres, pour le monde. »

« Et surtout, je vois que cette utilité ne demande pas de tout changer. Pas besoin de tout plaquer. Il suffit parfois de consacrer une semaine de son année, de partager une compétence, de poser une brique. C’est ça, le vrai impact. »

« Ce que j’essaie de montrer, c’est que chacun peut être acteur, quel que soit son parcours. Et qu’on peut réussir, individuellement, en aidant collectivement. »

Tamounte signifie « ensemble » en berbère.

Je poursuis ma découverte…

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